Appel à l'autodéfense des peuples et du vivant
Une révolution est nécessaire : nous la voyons communaliste
Il a été maintes fois prouvé que l'humanité était capable du pire. Il est temps de se rappeler qu'elle est aussi capable du meilleur.
Pendant combien de temps encore allons-nous laisser une poignée d'humain·es décider pour nous de notre sort et de celui de l'ensemble des êtres qui peuplent la planète ?
L'appel qui va suivre est un cri du coeur, un chant d'espoir. Il émane de nos êtres meurtris par un système qui piétine tout ce qu'il y a de vivant. De la colère grondissante d'un monde qui se meurt.
Nous vous appelons depuis là où nous sommes, depuis les rues où meurent nos libertés et depuis les chemins où meurt tout le reste. Nous vous appelons depuis les brèches, où la lumière passe encore et laisse entrevoir la perspective d'un avenir qui fait sens. Il ne peut plus seulement s'agir de défendre les droits acquis avant nous, ce qu'il nous reste de terre ou de vivant à sauver.
Par amour pour la vie, pour la justice, pour la solidarité, pour nos enfants, pour notre avenir, pour nous-même : c'est à nous de décider collectivement et démocratiquement de la façon dont nous voulons nous organiser en société, en harmonie avec le reste du vivant. C'est à nous de choisir ce que nous produisons, comment nous le produisons, et ce dont nous ne voulons plus. C'est à nous de décider ensemble comment se répartissent les richesses pour que toustes nous puissions vivre dignement.
Cela a déjà commencé. Partout nous nous levons, des liens se tissent, des alliances fleurissent, des luttes émergent. Nous reprenons de l'autonomie. De l'autonomie politique dans des communes, des conseils et des assemblées populaires ; de l'autonomie matérielle en organisant nos subsistances à travers des communs, pour que jamais plus personne ne manque de ce dont il a besoin : un toit, à manger, de la solidarité, du soin, de la joie et de l'amour.
Dans ces espaces, nous entendons se répandre le murmure d'une révolution naissante, où on ne coupe pas des têtes mais où on plonge les mains dans la terre, où on ne fait pas couler le sang mais où on fait monter la sève, pour qu'enfin s'opère un changement jusqu'à la racine.
Une révolution démocratique, une révolution de nos moyens de subsistance, une révolution qui désarme. Car aucune ne peut exister sans les deux autres : construire une démocratie par "en bas" dans des assemblées au plus proche de nous ; développer des communs, gérés par et pour les usager·ères qui le composent ; organiser l'autodéfense des peuples et du vivant face à la méga-machine extractiviste, capitaliste, coloniale et patriarcale.
La société que nous voulons met à bas les rapports de domination. Certain·es ont commencé à l'appeler communalisme. A leur suite, nous reprenons ce terme. Nous avons besoin d'une révolution, nous la voyons communaliste.
Vive la révolution communaliste !
Ramenons l'oligarchie à terre
Alors que la révolution grondit dans les cortèges et dans les coeurs, partout dans le pays les résistances s'amplifient. On se soulève pour défendre les terres. On manifeste pour défendre nos droits contre une énième réforme au service des intérêts d'une minorité d'ultra-riches. On s'organise pour défendre un accès plus juste à l'eau dans les Deux-Sèvres. On bâtit des communs à Nantes, dans la montagne limousine et ailleurs. Des centaines de luttes locales se relient et se soulèvent.
À d'autres endroits du monde, le murmure s'est mû en un cri de révolte. Des peuples arrachent aux griffes des tyrans la liberté qu'ils leur avaient ravie, et ce faisant nous montrent le chemin. Depuis la révolution communaliste au Rojava jusqu'à l'autonomie zapatiste au Chiapas, en passant par le sursaut révolutionnaire qui traverse l'Iran depuis quelques mois, toustes ont eu le courage d'entrer en résistance. Emboîtons-leur le pas.
Mais, alors que nous tentons de construire ensemble d'autres lendemains, nous faisons face à une violence délibérément brutale, armée pour mutiler et tuer sur ordre d'un gouvernement qui préfèrera le fascisme à la révolution sociale. On veut nous faire croire que l'ordre ne peut exister que par la force lorsqu'il devrait être le fruit d'une démocratie directe au service de la vie.
Mais il n'y a pas que cette force brute qui nous entrave. Nous peinons à avoir un impact sur celleux qui commandent et organisent le désastre. Une oligarchie qui fait du tourisme dans l'espace, qui nous promet qu'il faut attendre encore, que bientôt sur Mars, nous serons sauvés.
À l'heure où les plus riches milliardaires possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l'humanité, où une personne sur sept n'a pas de quoi se payer à manger, et où un enfant meurt de faim toutes les cinq secondes, chaque superprofit distribué est un crime.
A l'heure où la plus grande communauté scientifique jamais réunie nous alarme pour la 6ème fois sur les retombées du chaos climatique qui s'installe, chaque tonne de CO2 relâchée dans l'atmosphère pour que des milliardaires continuent de voler en jet est un crime. Un crime de guerre, une guerre qu'une infime minorité mène, depuis le haut de la pyramide, au reste de l'humanité et des vivants.
N'attendons plus, ne les laissons pas gagner cette guerre de classes. Dressons-nous face à cette folie, ne laissons plus mourir nos semblables, ne soyons plus complices.
Il est temps de cibler les responsables, de trouver une prise directe sur l'oligarchie et de la ramener à terre. Il est temps qu'iels se remettent à fouler le sol que nous foulons et apprennent à vivre simplement pour que d'autres puissent simplement vivre. Il est temps qu'ils se rendent compte que leur domination touche à sa fin.
L'heure est au désarmement. Mettons un coup d'arrêt à leur combustion délirante d'énergies fossiles, incarnation d'inégalités toujours plus grandes et d'une destruction impardonnable du vivant. Bloquons leurs déplacements, immobilisons leurs armes de combustion massive. Partout. Tout le temps. Plus aucun jet ne doit décoller, plus aucun méga-yacht ne doit lever l'ancre.
Faisons en sorte que les efforts de sobriété commencent par en haut. Sinon, comment parler de justice ? Comment demander à ce que le reste de la société change si on ne commence pas par mettre un terme aux comportements les plus aberrants ? L'oligarchie ne fera jamais autre chose que défendre ses propres intérêts. C'est à nous de passer à l'action !
Structurons-nous en unités d'autodéfense des peuples et du vivant
Nous appelons à monter en puissance pour penser et coordonner le démantèlement par le haut de l'ensemble des infrastructures de la méga-machine. Si nous voulons réaliser cela, c'est partout que nous devons, chacun et chacune, nous organiser avec celles et ceux qui résistent à nos côtés.
Pour qu'ensemble nous nous soulevions.
Nous appelons à la formation d'unités d'autodéfense des peuples et du vivant visant à constituer un front offensif, une Riposte Autonome. Des unités à la fois ancrées dans leurs territoires et coordonnées entre elles, qui pérennisent des groupes d'actions et viennent constituer une base d'appui locale, dont les grandes directions d'organisation, de stratégie et de vision sont construites collectivement.
Au-delà de la lutte directe, ces unités soutiennent et s'adossent à des communs pour que grandissent partout notre autonomie politique et matérielle, pour faire exister des mondes riches de nos interdépendances, en harmonie avec le vivant.
Nous appelons à reprendre et à soigner tous les espaces jusque là meurtris par la folie destructrice de la méga-machine. Pour que fleurissent la vie, les couleurs et la joie au milieu du béton et qu'émergent partout à travers le pays des Zones d'Autonomie Démocratique.
Tout cela se construit sur le temps long. Nous le savons et c'est pourquoi, tout en ayant conscience de l'urgence grandissante à agir, nous prenons le temps qu'il faut pour apprendre ensemble, se protéger, prendre soin et célébrer.
Alors, mois après mois, nous nous retrouvons. Nous nous organisons. Nous nous aimons. Nous nous reconnaissons. Nous bifurquons, nous désertons, nous reprenons le temps de voir ce qui est devant nous. Nous remportons nos premières victoires en nous-mêmes, en faisant dialoguer entre elles toutes nos contradictions. Nous nous rejoignons avec celleux qui veulent un monde juste et font entendre leur voix.
A elles toutes, elles forment un choeur, qui chante à l'unisson. Son chant est une déclaration d'amour, un cri du coeur, un chant d'espoir. Un appel.
Nous sommes les rabajoies. Nous relayons l'appel à une Riposte Autonome pour une Bascule dans l'Amour et la Joie.
Alors maintenant, dis-nous, camarade de lutte : cette riposte qui grondit... l'entends-tu ?